Interview de Sarah Lelouch

WAIFF - Interview de Sarah LELOUCH
Productrice, fondatrice de Tech Cannes et de ClapAction, partenaire du WAIFF, maîtresse de cérémonie pour la remise des Prix au Festival.
Q. Les films générés par l’IA sont très di6érents du cinéma traditionnel : dans la construction, dans les modalités de travail, mais aussi dans l’expressivités.
Quelle sera leur destination, leur place dans le cinéma ?
R. Aujourd’hui dans l’industrie du cinéma il y a beaucoup de gens qui ont peur.
Plutôt que rester en attente avec méfiance de savoir quel impact aura l’IA, je crois qu’il faut imaginer comment l’utiliser et comment le faire bien.
Je pense qu’il s’agit d’un nouvel outil qui va s’intégrer prochainement dans tous les films.
Donc il vaut mieux apprendre à l’utiliser.
Les jeunes sont prêts, mais les gens qui dirigent l’industrie du cinéma sont plus réfractaires.
Les producteurs ont conscience des transformations en cours, mais ils ont encore du mal à dire qu’ils acceptent l’IA. Ils craignent aussi de perdre les talents.
Q. Ne croyez -vous pas que cela puisse arriver ?
Quand on voit, par exemple, que tout le monde utilise stupidement les mêmes images en style
Studio Ghibli crée avec l’IA ?
R. Cela représente un problème de droits, il ne faut pas imiter la création du Studio Ghibli : l’ IA ne devrait pas avoir le droit de s’approprier le style des auteurs.
Au contraire, je pense qu’il faut vraiment de la créativité pour imaginer comment réaliser des nouveaux films avec l’IA.
Et le WAIFF permet un exercice extraordinaire, il a permis aussi de tester les limites de la « création » avec l’IA.
On voit par exemple que dans les films générés par l’IA les personnages ne sont pas assez crédibles.
Ou, que d’autres fois les outils de génération de l’IA donnent des résultats, produisent des e6ets spéciaux, qui ne sont certainement pas nouveaux, mais beaucoup moins chers, et qui sont devenus faciles à obtenir.
Q. Vous soutenez aussi un type de création participative, avec la plateforme ClapAction, de quoi il s’agit ?
R. C’est un site communautaire qui permet au grand public de participer à la création de films, de suivre et partager aussi le parcours de production.
Il permet de faire émerger les bonnes idées, parce que tout le monde peut proposer des scénarios.
Entre les 300 projets que l’on a sélectionnés récemment il y a par exemple un film qui va être réalisé cet automne et que nous finançons: « Le Grand Saut »
L’idée nous a été proposée par un jeune de 30 ans, livreur de pizzas, qui habite dans la banlieue de Montpellier, et qui n’aurait jamais imaginé de pouvoir faire du cinéma.
Pourtant il a un grand talent et une bonne connaissance du cinéma, grâce à sa passion.
Dans notre milieu on a besoin d’idées fraîches, ClapAction permet de découvrir des nouveaux auteurs et de participer à leur financement.
Q. Le prix du meilleur film sur smartphone sera attribué au WAIFF par ClapAction, dont votre père est aussi co-fondateur.
Lui-même avais produit et réalisé un film tourné avec un smartphone, pouvez nous rappeler quand et comment ?
R. Mon père a toujours été un innovateur, en avance sur son temps. Quand l’iPhone est arrivé, il a voulu réaliser un film avec cet outil.
Un vrai long-métrage, le titre était « La vertu des impondérables » (Ndr : tourné en 2018, il a été transmis par Canal Plus en 2020, il n’est pas sorti dans le cinéma à cause de la pandémie).
Claude dit toujours que tout le monde peut faire du cinéma et que les technologies sont des leviers formidables pour les nouveaux talents.
Q. Dans une interview que vous avez réalisée, Claude Lelouch dit aussi que l’IA va vite, c’est comme une Formule 1 ...
R. Oui, il dit que tout le monde ne sait pas conduire une Formule 1, elle va très vite et il faut pouvoir apprendre à la conduire.
Parce qu’elle peut causer des dangers aussi... Q. Une très belle métaphore de l’IA ! Merci. Interview réalisée par Chiara Sottocorona
Claude LELOUCH. Source : Wikimedia Commons
