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Intelligence artificielle : le rôle crucial des femmes

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29 Aug, 2025

Dix jours après le lancement du nouveau modèle GPT-5, dans un moment clé pour l’entreprise qui a initié la révolution de l’IA générative, à diriger les applications d’Open AI est arrivée Fidji Simo, une femme française qui est déjà une star dans le monde de la Tech. A partir du 17 août la nouvelle Ceo of Applications   est aux commandes de l’évolution de chat-bots, dont le très populaire Chat-GPT, et des agents intelligents. Des défis de taille. Mais elle ne manque pas d’expérience : née à Sète, dans le sud de la France, a gravi les échelons de la Silicon Vallée pendant dix ans en tant que manager chez Facebook, où elle a travaillé à coté de Mark Zuckerberg.  Et puis à partir de 2021 en tant que PDG d'Instacart, la société de livraison qui s'est développée sur le modèle d'Uber, qu'elle a menée au succès, en réussissant l’entré en Bourse, avec un bond du 50% du valeur de l’action en moins de deux ans. Son but maintenant est de rendre l’IA « accessible partout, par tous, et plus simple à comprendre ».

Fidji Simo © Meta
Chez Microsoft, le partenaire numéro un d’Open AI, qui a pris l'avantage dans la bataille de l'intelligence artificielle et a réussi aussi à en tirer beaucoup de profit, ce sont deux femmes qui ont mis en place des stratégies clés :
Jaime Teevan, Chief Scientist du groupe, responsable de la recherche pour l'innovation produit
et
Sarah Bird, AI Leader for Azure AI et Chief Product Officer of Responsible AI.

Teevan a toujours cherché les moyens les plus intelligents pour permettre aux gens de tirer le meilleur parti de leur temps : elle a dirigé l'initiative Future of Work et guidé l'équipe IA pour la productivité. En 2023, le newsmagazine Time l'a classée parmi « les 100 personnes les plus influentes au monde dans le domaine de l'IA ». Titulaire d'un doctorat du MIT et d'un diplôme de Yale, elle est professeure associée à l'université de Washington et a été, jusqu'en 2018, conseillère technique du PDG Satya Nadella.

C'est elle qui a dirigé la création de Copilot et l'intégration de l'assistant IA dans les applications Microsoft 365, le produit phare qui couvre 84 % du marché des logiciels professionnels selon les données de Gartner.
Sarah Bird a quant à elle veillé à l'adoption d'une intelligence artificielle responsable et aux meilleures pratiques pour un impact positif de l'utilisation de l'IA générative. Elle a été l'une des fondatrices du groupe de recherche Fate chez Microsoft, qui promeut l'équité, la responsabilité, la transparence et l'éthique. Il s’agit des valeurs qui rassurent les clients et offrent un retour sur l’investissement à long terme. 

  La leadership féminine peut-elle apporter donc un changement positif ? Les géants de la technologie et les entreprises de l’IA commencent à s’en rendre compte.

Google montre également qu'il croit à la valeur des femmes : depuis cinq mois, la présidente EMEA est Debbie Weinstein, qui dirige 29 000 personnes dans 35 pays. Elle doit également veiller au développement des applications Gemini dans le respect de l’AI Act en Europe. 

Google a nommé Debbie Weinstein au poste de présidente pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique (EMEA). Elle occupait auparavant le poste de vice-présidente et directrice générale pour le Royaume-Uni et l’Irlande.
Chez Meta une autre femme est dans un rôle clé : Joëlle Pineau, vice-présidente de la Recherche. Spécialisée dans l'apprentissage profond des algorithmes, elle a été professeure à l'université McGill de Montréal et codirectrice du Reasoning and Learning lab. Elle est une fervente défenseuse de la transparence dans la recherche sur l'IA et a contribué à l'ouverture vers la communauté open source.
Joëlle Pineau VP of AI Research at Meta
Dans les entreprises technologiques, seul un PDG sur dix est une femme, et une start-up sur quatre dans le monde a été fondée par une femme (données de Klecha & Co 2024). Mais les femmes influentes ne manquent pas dans la Silicon Valley. Comme Mira Muratti, ancienne directrice technique (CTO) d'Open AI, qui a contribué à la création de Chat-GPT et a ensuite quitté la société de Sam Altman pour fonder une start-up concurrente dans le domaine de l'IA : Thinking Machine Lab, déjà financée à hauteur de 2 milliards de dollars par du capital-risque.
Thinking Machines Lab is ex-OpenAI CTO Mira Murati’s new startup.
« Mira Muratti est déjà un symbole pour l’intégrité qu’elle a montré en sortant d’Open AI. Elle est en train de construire une IA multimodale qui travaille avec les personnes, au lieu de les remplacer » dit Nicoletta Iacobacci, professeur d'Éthique de l'IA et auteur du livre L’Etica è Donna (L’Ethique est femme) publié par les Edizioni Mondo Nuovo. « Nous devons développer la technologie avec bon sens, pour dépasser des limites encore inconnues, mais aussi pour définir un avenir durable, inclusif et pacifique, avec des valeurs telles que l'empathie, la collaboration et le pragmatisme » souligne l’auteur. 

Parmi les femmes qui ont soulevé d’importantes questions éthiques dans le monde technologique, on trouve Fei-Fei Li, pionnière de l'intelligence artificielle, professeure à Stanford, qui a défini les normes d'une IA responsable et inclusive. Ou l'Italienne Francesca Rossi, professeure d'Informatique à l'université de Padoue pendant 20 ans, puis membre du groupe de haut niveau sur l'IA à la Commission européenne, et aujourd'hui   AI Ethics Global Leader à IBM. Toutes les deux sont intervenues en 2024 et 2025 au World AI Cannes Festival (WAICF) coorganisé par l’Institut EuropIA. Fei-Fei Li, que la revue Forbes a inclus entre les 11 pionnières de l’intelligence artificielle, était aussi au début de l’année dans le groupe Women of AI au CES de Las Vegas.

Women of AI at the AI House CES 2025
Quel l’est la situation en Europe ?  La part des femmes dans les emplois liés à l'intelligence artificielle est de moins d’un tiers, elle arrive au 26,5%, selon le Baromètre Jfd publié fin avril par Joint Force & Dare, un accélérateur international de start-ups. Il y a trois ans la présence féminine était plus bas, au 22%.  Cet étude, réalisé en février dernier dans 8 pays européens auprès de 400 dirigeants d'entreprise, révèle aussi un autre progrès : « 29 % des responsables IA au sein des comités exécutifs des entreprises actuellement sont des femmes ».

L'arrivée de la GenAI, qui ne nécessite pas de formation scientifique, pourrait contribuer à combler l'écart encore significatif entre les sexes.  On note déjà des changements avec la génération Z : selon plusieurs études plus de la moitié (59%) des jeunes femmes utilisent les applications d’IA générative chaque semaine. « Si la confiance est une partie du problème, le manque de formation en est une autre. Les entreprises ont un rôle à jouer pour inverser cette tendance. En investissant dans les femmes, dans le domaine de l'IA, elles peuvent libérer ce potentiel inexploité, promouvoir l'innovation et constituer des équipes plus inclusives. Une décision intelligente pour le succès à long terme de l'entreprise » conseille Marinella Profi, responsable mondiale de la stratégie IA & GenAI chez Sas, multinationale britannique des logiciels.  

Marinela Profi Global AI and Generative AI Market Strategy Lead
Une analyse du groupe McKinsey (The State of European Tech) montre qu’il y aura un manque de talents technologiques dans les pays européennes estimé entre 1,4 millions et 3,9 millions de personnes avant 2027.  « Si l’Europe double le quota des femmes dans les emplois technologiques en arrivant aux environs 45 pour cent de présence féminine -chose qui serait possible- cela pourrait résoudre le problème du manque de talents et aussi faire bénéficier le PIB européen d’une augmentation estimé entre 260 milliards d’euros et 600 milliards d’euros » indique l’étude.. Les auteurs, Steven Blumberg, Melanie Krawina, Elina Makela e Henning Soller, soutiennent clairement : « Pour rester compétitive dans les technologies de pointe et l’innovation l’Europe doit recruter et retenir plus de femmes dans les entreprises à forte croissance technologique et aussi reconnaitre leur rôle pour un futur équitable et favorable ». 

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Chiara Sottocorona

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