IA & HORIZONS -- La Newsletter de l'Institut-EuropIA -- N.6 septembre 2025
IA et Société
L’IA Agentique arrive dans les entreprises : quel futur pour le travail ?
par Chiara Sottocorona –
Experte en IA et Médias de l’Institut-EuropIA
Chat-GPT aujourd’hui répond à plus de 2,5 milliards de Prompts par jour. Un chiffre astronomique, qui a été communiqué par Sam Altman, le CEO d’Open AI, à Axios Media, pendant une visite à Washington le 21 juillet. La firme revendique désormais 500 millions d’utilisateurs à la semaine, soit 200 millions de plus qu’en décembre 2024.
Selon Altman, les agents intelligents appliqués au travail seront capables « d'élaborer des plans de vente, de réaliser des études de marché, d'analyser les performances internes ou de rentabiliser de nouveaux services ». Mais celui d’Open AI n’est pas le seul : une vague d’Agents IA est en train d’investir les entreprises : 67 % des dirigeants mondiaux considèrent que ces agents joueront un rôle clé dans la prochaine transformation apportée par l’intelligence artificielle.
IDC définit les agents IA comme « des entités logicielles autonomes basées sur des modèles linguistiques à grande échelle (LLM), capables de percevoir le contexte, de prendre des décisions, d'agir en conséquence et d'interagir avec les utilisateurs ou avec d'autres systèmes ».
IDC : « d'ici 2029, plus d'un quart des dépenses informatiques mondiales seront consacrées à l'IA, sous l'impulsion de l'IA agentique »
Selon les prévisions de la société de conseil, les Agents seront « 10 fois plus nombreux et sophistiqués au cours des cinq prochaines années ». Avant 2029 le 26 % des dépenses informatiques mondiales seront consacrées à l'intelligence artificielle, notamment sous l'impulsion de l'essor de l'IA agentique. « Il s'agit d'une transformation profonde et rapide : entre 2025 et 2029, les dépenses en IA augmenteront à un rythme de 31,9 % par an, pour atteindre 1300 milliards de dollars à la fin de la période » indique le document qui introduit le prochain sommet : le IDC Data & AI Summit 2025, prévu le 15 octobre au Magna Pars Event Space de Milan, en Italie.
Pour l’instant, à niveau mondial, seulement 13 pour cent des entreprises ont déjà intégré les Agents IA dans leurs cycles de travail, révèle une vaste étude intitulée « AI AT WORK », réalisée en juin par Boston Consulting Group. Mais l’IA générative est largement adoptée : 72% des travailleurs de tous niveaux répondent de l’utiliser régulièrement.
Les dirigeants d’entreprise et les managers sont les plus gros utilisateurs réguliers de l’IA générative, avec une forte augmentation de 2024 à 2025. Plus de la moitié des employés l’utilisent aussi.
Il faut noter que cette adoption rapide de la « GenAI », l’IA générative, s’est produite principalement dans les pays asiatiques, au Brésil et en Espagne, plutôt que en France ou en Allemagne.
En moyenne l’avantage le plus évident signalé par les utilisateurs est le gain de temps (environs 1 heure par jour) et une meilleure productivité. Les problèmes les plus récurrents sont d’ordre éthique : la protection des données, de la vie privée, et la sécurité. Mais il y a aussi la peur des employées de perdre leur travail :
Le potentiel de l’IA est de redéfinir tâches et rôles en entreprise, encore plus avec l’arrivé de l’IA Agentique. Plus que jamais une formation adéquate de l’ensemble de la force de travail devient nécessaire.
C'est ce qui ressort d’une autre étude : « EY Italy AI Barometer » diffusé le 2 septembre, réalisée par EY, qui a interrogé plus de 4 900 personnes dans 9 pays européens, dont 539 professionnels d'entreprises italiennes. L'utilisation de l’IA dans les entreprises italiennes est en hausse de +34 % cette année par rapport au 2024. « L’intelligence artificielle n'est plus une technologie émergente, mais une réalité concrète qui génère déjà de la valeur pour les entreprises. 52 % des cadres supérieurs ont constaté des avantages tangibles en termes de réduction des coûts et d'augmentation des bénéfices. Cependant, le véritable bond en avant se produira lorsqu'elle s'accompagnera d'une culture répandue et partagée. Combler le fossé de sensibilisation entre les dirigeants et les employés est aujourd'hui une priorité stratégique : un investissement concret dans la formation, la gouvernance et l'accessibilité est nécessaire pour faire de l'IA un levier de transformation inclusif et durable » dit Giuseppe Santonato, responsable IA chez EY Europe West.
L’IA dans notre Région
Une start-up azuréenne aide à combattre la désinformation
« En août 2025, les 10 principaux modèles d’IA générative (ChatGPT-4 d'OpenAI, Smart Assistant de You.com, Grok de xAI, Pi d'Inflection, Chat de Mistral, Copilot de Microsoft, Meta AI, Claude d'Anthropic, Gemini de Google et Answer Engine de Perplexity) ont répétés et propagés de fausses informations sur l’actualité plus d’un tiers du temps, soit 35 % du temps, contre 18 % en août 2024 »
Cette analyse vient de l’AI News Misinformation Monitor, un rapport mensuel réalisé par NewsGuard, une organisation mondiale de fact-checking.
Selon Gartner environ 10% des contenus d’information diffusés sur Internet aujourd’hui sont crées par l’IA générative, mais ils sont encore loin d’être fiables.
« Notre solution permet de détecter les fake news générées par l’Intelligence Artificielle » annonce Florian Barbaro, le fondateur et CEO de UncovAI, une start-up d’intelligence artificielle crée à Nice en février 2024.
Après ses études à Paris, où cet ingénieur diplômé de l’ECE a obtenu aussi un doctorat en Machine Learning and Semantic analysis à la Sorbonne, Florian est parti dans les États-Unis en 2022. Pendant deux ans il a fait une importante expérience de fact-checking en Californie, dans une société spécialisée dans le contrôle des fausses informations médicales, sous contrat avec le National Institute of Health.
De retour à Nice, par amour de sa région, il s’est lancé dans une nouvelle aventure avec UncovAI. Nous l’avons rencontré.
Q. Pourquoi votre solution pour dénicher les fausses informations est différente ?
R. On a développé une plateforme innovante de détection de contenus générés par l’IA, basée sur des hypothèses mathématiques. Le but initial était d’avoir un modèle léger avec une grande capacité de détection.
Q. Donc vous avez crée votre propre modèle, comment fonction-t-il ?
R. On ne fait pas d’apprentissage d’un LLM, mais des analyses mathématiques sur des extraits et des patterns. Pour ce qui concerne les textes c’est plutôt sur la construction, parce que les textes générés par les IA ont une linéarité dans la structure qui les rendent différents des textes écrits par les humains. Pour les images c’est l’analyse de pixels qui nous dit si ont été modifiés et comment ils ont été créés. Surtout les images qui diffusent une fausse actualité sont repérables grâce à des couches des modifications et des éléments non cohérents. Cette approche moins énergivore et plus flexible permet à UncovAI de distinguer les contenus générés par l’IA des contenus créés par l’homme, avec une précision supérieure à 95 %.
Q. Votre application, disponible maintenant sur le site pour vérifier si une image ou un texte est vrai ou non, vous l’avez définie « green », c’est-à-dire ?
R. Oui, on a vérifié la consommation liée à chaque requête : les émissions de CO2 sont à peine de 0,01 grammes.
Q. A quel type d’utilisateurs vous vous adressez ?
R. Tous: étudiants, professeurs, journalistes et écrivains, managers, entrepreneurs. On a développé aussi des applications spécifiques pour les banques et les assurances qui servent à dénicher les fraudes. Et pour la lutte aux fake-news on est entré dans le collectif des start-ups Provenance for Trust, une plateforme qui vient d’obtenir un financement au 70% par le ministère de la Culture.
Les nouveautés de l’Institut-EuropIA
La deuxième édition du WAIFF se tiendra à Cannes le 21 et 22 avril 2026
« Cette année, pour sa première édition, le World AI Film Festival s'est tenu à Nice. La prochaine session aura lieu à Cannes, dans le mythique Palais des Festivals » a annoncé Marco Landi, président de l’Institut-EuropIA, co-organisateur du festival avec les Département des Alpes Maritimes, la MIA, et les partners officiels Genario, TechCannes, Studio Lafitte. « Mais pas seulement là-bas. Nous avons des partenaires qui l'organiseront en Corée, au Japon, en Chine, au Brésil et dans de nombreux autres pays que vous connaîtrez prochainement. Préparez votre créativité, réalisez vos films, et j'en appelle tout particulièrement aux femmes ».
Pour soumettre vos réalisations, la date de clôture des candidatures est :
le 27 février 2026.
« Et la grande nouvelle ! – ajoute Marco Landi- après le fameux cinéaste Claude Lelouch, qui a été le Président d’honneur du premier WAIFF, nous aurons le privilège d’avoir comme Présidente du jury en 2026 la plus grande artiste de Chine, Gong Li ».
