The Velvet Sundown : naissance d'un mythe musical ou d'un bug ? Quand l'IA showbiz fait son coming-out artistique.

Juin est décidément le mois musical ! Pendant que la France Music Week mettait à l’honneur nos artistes (voir nos articles), on découvrait sur les plateformes un groupe de rock psychédélique dont les membres sont aussi réels qu’un ticket de métro composté en 2030. C’est l’ère du mirage musical et du made in robots. Vous ne connaissez pas leur son ? Vous n’avez pas encore écouté leurs 26 titres ? Pas grave, le 3ᵉ opus arrive déjà : Paper Sun Rebellion.
Velvet Sundown est comme Super Smart Trio ou Mellow Mirror : ne les cherchez pas dans nos festivals de cet été, vous ne les verrez jamais sur scène, pas d’interviews, des Insta sans vie, des bios tout aussi creuses avec des musiciens introuvables... Quant aux visuels, regardez les « pochettes » des deux albums où l’on a droit aux habituelles couleurs saturées et ombres impossibles, dignes d’un concours de deepfake pour débutants.
Et musicalement ? Pour moi, en tant qu’auteur-compositeur et producteur, le choix du public doit être respecté et donc, avec un tel succès : écoutons ! C’est flatteur, certes easy listening, mais un vrai groupe aurait pu jouer ça et une production aurait pu signer cette réalisation. Les compositions sont plutôt bien ficelées, avec des arrangements et des structures intéressantes. On est loin du cliché couplet/refrain à la Suno. Et c’est pourtant bien Suno qui a été utilisée, et certainement la V4.5 avec la fonction « Persona » afin de retrouver une voix chantée cohérente de titre en titre. Sur l’aspect technique du son, en écoute sur un téléphone, on est au niveau et ça sonne comme n’importe quel MP3. En écoute studio, on reste encore sur un manque de densité sonore.
Pour mémoire, Suno est une fabrique à tubes (et à illusions) qui compose pendant que vous dormez. Suno (comme les 250 autres générateurs existants) génère des chansons entières à partir de prompts (qui, maintenant, peuvent dépasser 220 caractères). C’est le Spotify Wrapped de la paresse créative.
« Nous construisons un futur où chacun peut faire de la musique. Pas besoin d’instrument, juste d’imagination. » — Suno, manifeste officiel.
Je vous laisse apprécier la vacuité et l’injure artistique de tels propos.
Au début, The Velvet Sundown jurait ses grands dieux qu’il n’avait jamais touché à l’IA. Puis, face à la pression médiatique, le mystérieux Andrew Frelon (porte-parole aussi réel que le groupe) finit par avouer : oui, tout est généré par Suno, et non, ce n’est pas une blague… Si c’était pour tester les limites de la presse, des algorithmes et du public : c’est réussi, mais arrêtons là !
Il n’y a pas d’exploit dans cette démarche, mais plutôt un « symptôme », et ce n’est pas le premier comme diraient les talentueux AIR. À l’heure où l’IA compose, chante et s’invente des biographies, la question n’est plus de savoir si la musique est authentique, mais si cela a encore la moindre importance. Après tout, dans un monde saturé de faux, le vrai devient presque subversif. Nous, à l’Institut EuropIA, on vous embarque sur d’autres chemins, en nous posant la question de comment faire de la musique intéressante, nouvelle et audacieuse, avec ou grâce à l’IA.
